– Taxi Diamond bonjour.
– Oui, ce serait pour un taxi.
– Ben mettons que je m’en doutais fille: on s’appelle Taxi Diamond pis j’ai pris la peine de répondre « Taxi Diamond bonjour », faque les chances que t’appelles pour un taxi sont pas mal toutes là. Je pourrais-tu, une fois dans ma journée, pas tomber sur une épaisse, sérieux.
Ok, ok, disons que ça ne s’est pas passé exactement comme ça dans les faits. Mais pour tout dire, je rêve secrètement de me faire remettre à ma place par une téléphoniste dont les fils se seraient touchés un instant à l’autre bout du fil. Car c’est plus fort que moi, je suis incapable d’être efficace et concise lorsque j’appelle un taxi. Ça pourrait être si simple pourtant.
– Taxi Diamond bonjour.
– 3575 St-Laurent.
Bon, c’est sûr que ça manque peut-être un peu d’entregent et que ma demande a plutôt l’air d’une réponse à un jeu questionnaire, du genre:
– Catégorie faits divers. Dans quel édifice de la ville de Montréal l’ascenseur tombe-t-il le plus souvent en panne?
– (Buzzer) 3575 St-Laurent.
À bien y repenser, probablement que le mieux serait simplement d’utiliser un synonyme à « ce serait pour un taxi ». Pas nécessairement plus court comme approche mais ça me permettrait au moins d’éviter la redondance et de déstabiliser un peu l’air bête qui n’attend qu’un faux pas linguistique de ma part pour me traiter gratuitement d’épaisse. Par exemple:
– Taxi Diamond bonjour.
– Oui ce serait pour aller d’un point A à un point B.
– Oui, quel est votre point A?
– Latitude 45.513802, longitude 73.572244
– Touché coulé.
Toujours est-il que mon taxi est finalement arrivé au point A. C’était une minivan. J’haïs ça les minivans. J’ai toujours l’impression que ça va me coûter plus cher. Sans parler du fait que je me sens overdressed si je ne porte pas un habit de soccer et une boîte de Timbits. J’y ai tout de même pris place sans trop chigner. Ça puait, ça sentait la vieille carcasse d’animal. Mon taxi sentait la taxidermie comme on dit. Je me suis efforcée de ne pas trop juger mon chauffeur en me disant qu’il avait probablement d’autres qualités. Que c’était simplement le genre de personne qu’il fallait côtoyer au quotidien pour pouvoir l’apprécier à sa juste odeur. Lui, de son côté, a pourtant eu le sentiment de me connaître depuis toujours. C’est du moins ce qu’il m’a donné comme impression quand il s’est senti assez à l’aise pour me roter sa vie. Et je ne parle pas ici de petits rots discrets de quelqu’un qui a bu un perrier et qui gère mal le trop plein de bulles. Non, je parle ici de beaux gros rots en crescendo. Mon chauffeur rotait sans aucune gêne, comme si je n’étais pas là, comme si j’étais sourde ou comme si je faisais partie du jury de La revanche des nerds. Il bombait le torse et rotait avec fierté. La minivan en tremblait de même que ma féminité. Je ne comprenais pas d’où venaient tous ces rots jusqu’à ce que je découvre la canette de bière confortablement installée dans le porte-verre côté conducteur. Planquée dans un petit sac de papier brun, elle en sortait la tête discrètement, question de s’assurer qu’il n’y avait pas de policiers dans les parages. Mon chauffeur était donc saoul. Saoul comme dans conduire en état d’ébriété. Saoul comme dans me conduire en état d’ébriété. J’ai soudainement eu peur pour ma vie. J’ai vu ma vie et ma ville défiler devant moi alors qu’il roulait à toute allure vers ma destination. J’ai aussi vu une lumière blanche au loin et me suis dit que c’était officiellement la fin. C’était plutôt les phares d’un automobiliste roulant à sens inverse. Il nous a klaxonné après qu’on ait bifurqué dans sa voie. J’ai aussitôt appuyé sur ce fameux frein invisible dont toute bonne voiture est dotée et me suis mise à chercher mon air dans cette minivan qui me semblait soudainement bien mini. Les pires préjugés face aux chauffeurs de taxi immigrants se sont alors bousculés dans ma tête mais ont surtout bousculé mon objectivité et l’ont mis KO pour le restant du trajet. J’ai sorti ma grosse voix de femme insurgée en lui criant impatiemment les dernières directives pour se rendre jusque chez moi. Juste au moment où je débarquais, sans lui donner de pourboire et avec la ferme intention de noter sa plaque d’immatriculation, j’ai cru bon de jeter un dernier coup d’oeil à la canette maudite. Peut-être juste mentionner que c’était une canette de liqueur finalement.
Comme la fois où, en cherchant à me souvenir du nom du jeu Mad Gab, je suis tombé sur un blogue que j’aime.
En tapant « foulez fou mai pousser » dans les internets, on fait la désagréable constatation que cette publicité au dubbing parfait n’existe plus. Nulle part. On s’entend, y a clairement un manque ici. Qui pense au générations futures qu’on prive d’un plaisir certain?
Un lien m’a tout de même donné la réponse que je cherchais ET une blague de quiproquos et de mariages malheureux en prime. Blague que j’ai ri et j’en ai profité pour lire les autres, tant qu’à être là.
Bien aimé le tout.
Longue vie à toi Marie-Ève Leclerc-Dion ainsi qu’à toute ta descendance peu importe le nom qu’elle prendra.
Louis-Julien Raynault
(né Poitras-Raynault… je te comprends X 1000, fille)
Merci bien Louis-Julien Feu-Poitras-Raynault. Si tu aimes Mad Gab je te suggère leur application mobile. En anglais seulement malheureusement mais « des heurts déplait sir » tout de même.
Scène eau thé, mer scie.