C’était la fête des Mères le weekend dernier, soit l’occasion pour plusieurs d’aller à la pharmacie acheter une carte préfabriquée où l’on peut voir un beagle affirmer, la gueule pleine de fleurs: “C’est toi la meilleure maman au monde!!!”. Me refusant à encourager cette fête commerciale, je m’entête chaque année à concevoir un cadeau de mon cru. L’année dernière par exemple, j’ai fait une Claude Lafortune de moi-même en y allant d’un montage de type scrapbooking qui impliquait du papier de soie chiffonné, des macaronis bios ainsi que des photos aux yeux rouges et aux coupes de cheveux nostalgiques. Pour faire différent cette fois-ci, j’ai décidé de composer un poème qui rime avec Leclerc. Il va comme suit:
Te souviens-tu de la fois où je n’y voyais plus clair?
Tsé la fois où il n’y avait que toi et moi, sans Martine St-Clair.
Cette fois-là, tu as vraiment su éclairer ma voie tel un lampadaire.
Je voulais t’en remercier, pour la fête des Mères.
Particulièrement inspirée pour la première strophe, je dois admettre que j’ai rapidement frappé un mur pour le restant de mon beau cadeau non commercial. Car au moment où j’essayais de me souvenir si ma mère et moi avions déjà visité Val-Jalbert, une montée de culpabilité m’a soudainement coupé tout élan créatif. Et je suis presque certaine d’avoir fait un rêve semi-éveillé dans lequel un beagle, la gueule pleine de fleurs, est venu me dire: « Tu es loin d’être la meilleure fille au monde!!! ». Le beagle ne me laisse donc pas le choix: je dois vraiment avouer mes torts si je veux un jour retrouver mon inspiration et ainsi compléter ce touchant poème. Un épisode en particulier pèse lourd sur ma conscience. En voici le récit.
Mars 2011. Je viens tout juste de publier mon premier article sur le présent blogue. Et j’ai beau cliquer sur le bouton refresh à toutes les 5 minutes, il y a toujours un gros “0” à côté du “nombre de visites aujourd’hui” (ça c’est parce qu’ils ne comptent pas mes propres visites sur le site). Je me décide donc à appeler ma mère, bien déterminée à améliorer mes statistiques d’achalandage:
– Allô maman, c’est Marie-Eve. (Je ne sais pas pourquoi je ressens toujours le besoin de me nommer, ma mère n’a qu’un seul enfant, il n’y a donc que moi qui puisse l’appeler maman.)
– Ben oui, je m’en doutais, je n’ai qu’une seule fille. (voilà)
– Bon. Là, je voulais t’avertir que j’me partais un blogue. Tu sais c’est quoi un blogue hein?
– Oui oui, y’en ont assez parlé du blogue de l’an 2000…
– Ouin, t’as un peu raison là-dessus. C’est pas mal “an 2000” de se partir un blogue. Anyway. Je vais t’envoyer l’adresse de mon blogue si ça te tente de le lire mais je t’avertis, si jamais l’envie te prend de faire un commentaire, va pas mettre de “c’est beau pitchounette” là.
– Ben non franchement. Pour qui tu me prends. Ça fait des années que je t’appelle pu de même.
Satisfaite de mon appel, je retourne ensuite à mon ordinateur question d’écrire à quelques amis proches afin de leur annoncer à eux aussi la “blogue nouvelle” (isch, c’était pas mon meilleur objet de courriel, je l’avoue). Je mets donc en branle ma stratégie de déploiement en prenant soin de faire un refresh de mes statistiques entre chaque envoi. C’est au moment où je m’apprête à “vider mon cache”, convaincue qu’il y a un problème avec mon navigateur, que je reçois ma première demande de modération. Pour ceux qui sont moins familiers avec le processus, WordPress offre la possibilité aux blogueurs de filtrer les commentaires faits sur leur site, le tout pour éviter que les carpediem_69 de ce monde viennent y écrire des obscénités. Ledit commentaire qu’on me demande d’approuver avant publication est le suivant:
“Bravo chouchounette!!! Comme tu es drôle! Je suis très fière de toi! xxx ”
J’attrape aussitôt mon téléphone et compose à toute vitesse, comme si ma vie en dépendait:
– Allô maman, c’est Marie-Eve.
– Ben oui, je m’en doutais, je n’ai qu’une seule fille.
– Hehe, ouin. Euh… comme j’ai pu voir… euh…t’as lu mon blogue?
– Aye oui. Je voulais te dire, j’ai tellement ri en tout cas pis quand t’as parlé de…
– Maman. Je t’avais dit de pas écrire pitchounette si tu faisais un commentaire. Là t’as mis chouchounette, on s’entend que c’est des synonymes?
– Oups. Excuse-moi, j’pense que j’me suis emballée.
– Ouin, ben là je vais être obligée de refuser ton commentaire, ça nuirait trop à mon brand sinon.
– Ça nuirait trop à ton quoi?
– Ah, laisse faire.
Alors voilà, tout est avoué maintenant : j’ai bel et bien supprimé le commentaire de ma propre mère. Je sais, c’est honteux tout ça. Mais que celui ou celle qui a toujours été une progéniture exemplaire me lance la première pierre-qui-roule-n’amasse-pas-mousse.
Ton meilleur. Quel talent !
🙂
(J’évite l’utilisation des sobriquets « chouchounette », « pounette » et leurs synonymes…je ne voudrais surtout pas que tu supprimes mes louanges !)
À ajouter à ta liste d’interdits: coucounette, pitchounette, lapinette, choupette (pas mal tout ce qui est en « ette » dans le fond sauf Yvette, ça ne me dérange pas qu’on m’appelle ainsi.)
Bravo chouchounette!!! Comme tu es drôle! Je suis très fière de toi! xxx
Faut dire que j’avais une bonne source d’inspiration.
– Chouchounette
(ça va pour cette fois-ci mais faudrait vraiment pas que ça devienne une habitude, je t’appelle ce soir pour t’en parler.)
Je trouve ton article magnifique mon amie.
Bravo !
(Beau cadeau de la fête des Mères !)
Merci Éli
(Oui je sais, mon poème est touchant. Tu devrais voir la suite…)
J’adore, je découvre une nouvelle Marie!
Tu as vraiment du talent, c’est touchant et drôle à la fois, excellent 🙂
Merci Francine! (moi je te découvre un nouveau nom)