En route pour Buenos Aires lors de mon dernier voyage, j’ai eu la brillante idée de faire une petite escale à Mexico et à Santiago de Chile pour l’allée. Et à Lima et Miami pour le retour. Principalement pour l’immersion culturelle que le fait de sentir du Calvin Klein dans quatre boutiques hors taxes différentes pouvait m’apporter. Et peut-être un peu pour sauver 1800 $ sur mon billet d’avion. Avec tout ce voyagement, j’ai soudain l’impression d’être officiellement devenue une grande voyageuse. Le genre de voyageuse qui porte un sac banane et des vêtements non froissables en polypropylène pour le caractère pratique de la chose. Le genre de voyageuse qui affectionne les vêtements de couleur grès pour le caractère non salissable de la chose. Le genre de voyageuse qui sait zipper et dézipper ses zip-off pants plus vite que son ombre pour le caractère compétitif de la chose. Tous ces déplacements m’ont tout de même permis d’accumuler plusieurs souvenirs de voyagement. En voici quelques uns :
Alors que j’étais en ligne pour le contrôle de sécurité, j’ai d’abord remarqué une affiche informant les voyageurs des objets interdits dans l’avion. On pouvait y reconnaître les icônes d’une arme à feu, de mini-ciseaux et d’un mascara. Je dois avouer que je me suis longuement interrogée sur la question du mascara mais ça demeure encore nébuleux dans ma tête. Deux hypothèses possibles. Soit les duchesses de l’air* veulent être les seules cutes à bord, ce qui serait très immature de leur part. Soit le pilote a peur de se faire arranger le portrait par une voyageuse instable émotionnellement. Une voyageuse qui pointerait son mascara à la jugulaire du pilote pour le forcer à détourner l’avion vers l’Italie afin de débuter son périple Eat, Pray, Love par exemple.
Une fois dans l’avion, j’ai aussi été témoin de quelques phénomènes barométriques avant que ma Gravol ne décolle :
- J’ai d’abord vu ma voisine de siège prendre possession de l’acoudoir mitoyen sans aucune gêne. Jaurais bien aimé pouvoir jouer à Roche-papier-ciseaux avec elle pour décider du sort de cette propriété commune mais les mini-ciseaux ne sont malheureusement pas admis à bord.
- J’ai ensuite vu mes chevilles se dégêner peu à peu pour finalement prendre totalement leurs aises et doubler de superficie. Le fameux syndrôme C’t’a ton tour Laura Cadieux paraît-il. Note à moi-même pour mon prochain voyage: demander à Carmen Sandiego où elle achète ses bas de soutien.
- Lors d’une zone de turbulences, j’ai vu une femme sortir son chapelet et prier le ciel. Je me suis demandée si nos prières avaient plus de chances d’être entendues lorqu’on prie le ciel dans le ciel. J’ai prié pour que les promoteurs immobiliers de Montréal arrêtent d’utiliser l’expression nouveau Plateau, juste au cas.
- J’ai finalement vu cinq comédies romantiques mettant en vedette Katherine Heigl et/ou Jennifer Aniston. Et j’ai vu ce que c’était d’avoir un sentiment de déjà vu.
Mais ce qui m’a le plus marqué à travers tout ce voyagement, ce sont les nombreux douaniers rencontrés à travers les différents aéroports. Ces hommes et femmes en uniforme me donnent une peur bleue chaque fois qu’ils s’adressent à moi. Je me sens soudain rougir comme une gamine de 7 ans qui se fait chicaner parce qu’elle a volé de beaux cailloux dans la gravelle du voisin. Un douanier de Miami m’a particulièrement marquée. Nous arrivions de Lima, deux Canadiennes à bord d’un avion bondé de Péruviens. Passer les douanes ne finissait plus de finir. Chaque voyageur avait droit au scanneur des yeux et au lecteur d’empreintes digitales. Mon tour arrive finalement :
– Finally, a real Canadian, me dit le douanier en regardant mon passeport.
– What do you mean, Sir?, lui dis-je en rougissant.
– We had a lot of Canadians today but none of them were real ones. They were just Canadian immigrants trying to get the same benefits as people who were born in Canada.
– Ohhh, I see.
– Are you bringing to the United States any food, plants or animals Ma’am?
– No Sir.
– Are you bringing to the United States a firearm, a mascara or any other weapons?
– No Sir, I’m a natural beauty.
– You’re good to go then.
– That’s all?? Don’t you want to scan my eyes and read my digital print Sir?
– No need for that Ma’am, you’re a real Canadian.
* Je pense que duchesses de l’air est un terme à éviter et qu’il faut plutôt dire agentes de bord, qui est moins péjoratif.