Comme la fois où je trippais pas tant que ça sur la fête des Pères.

Dimanche, jour de congé ou plutôt jour de corvées déguisé en jour de congé. Dimanche, jour du Seigneur ou encore jour du Mon-Dieu-que-le-weekend-a-passé-vite. Dimanche, jour pour faire: faire les commissions, faire l’épicerie, faire le ménage, faire le mort. Dimanche, jour de brassées : brassée de pâle, brassée de foncé, brassée de c’est-pas-clair-dans-quel-tas-ça-va, brassée d’idées noires. Dimanche, jour de la fête des Pères. Cher dimanche, je trouve que parfois tu n’aides pas ta cause.

Déjà tu n’étais pas mon préféré des sept, mais cette année tu t’es particulièrement surpassé. La fête des Pères, vraiment? Ce n’était pas ton premier choix j’espère? Jure-moi que tu ne l’as pas eue en échange de la Saint-Jean ou de la fête des Patriotes au moins. Allez, jure-lé. As-tu pensé à tous ceux qui n’ont plus de père, comment ils allaient se sentir aujourd’hui? Gagner le pool ce n’est pas tout dans la vie mon vieux. En tout cas dis-toi que ce sera un peu de ta faute si jamais je m’abandonne à l’une de mes pulsions ce matin. Celle d’aller, par exemple, dans un Cora question de saboter le déjeuner de l’une de ces petites familles parfaites. Simplement par pure jalousie, une jalousie totalement assumée. Je vais aller donner l’heure juste aux fils et aux filles à papa de ce monde. On va voir s’ils vont encore avoir envie de manger Ben et Dictine après ça :

– On va se le dire une fois pour toutes : ton père, y’aime plus ta soeur que toi.

– En fait, le plus beau jour de sa vie, c’est à la naissance de ta soeur.

– Parce que toi, il n’est pas capable de dire c’est quoi exactement, mais y’a comme quelque chose qui cloche avec ton nez.

– Quand t’étais jeune même, il te cachait quand il y avait de la visite.

– Le 2e plus beau jour de sa vie c’est quand? Facile, à la naissance de ton frère.

– Le 3e ? Hum… c’est dur à dire ça…

Ok ok, je me calme. Le pire c’est que je n’écris pas tout ça pour faire pitié d’être orpheline de père. Quand je veux faire pitié, je fixe le vide avec une moue tristounette en soupirant jusqu’à ce que quelqu’un me demande ce qui ne va pas. Non, je dis ça juste pour justifier qu’aujourd’hui, j’ai le droit d’être marabout. Et ce, même si je sais pourtant que je ne devrais pas me plaindre car mon père a eu une belle mort. La plus belle des morts en fait selon moi. Février 2001, il s’est rendu à l’hôpital en République Dominicaine où il passait l’hiver à fuir le blanc. Ça faisait déjà quelques jours qu’il ne se sentait pas très bien. « On va vous garder sous observation pour la nuit M. Dion », lui a dit le médecin en espagnol. Titanico passait à la télévision dominicaine ce soir-là. Il l’a écouté avec sa conjointe,  blottie contre lui dans son minuscule lit. Ensemble, ils ont pleuré. Et puis, mon père s’est éteint. Leo a lâché prise, et mon père aussi. Une méningite qui a mal viré.

Si jamais je meurs, j’aimerais mourir sur un film moi aussi. J’aimerais mourir sur Rudy en fait. Ça me laisserait avec l’impression que tout est possible pour ma prochaine vie.

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